Véhicule Utilitaire Electrique

Peut-on vraiment faire des livraisons avec un utilitaire électrique et beaucoup de kilomètres ?

En raison de leur nature, les véhicules utilitaires ont toujours été proposés avec des motorisations puissantes et promettant une grande autonomie comme le moteur diesel. Grâce à leurs réservoirs haute capacité, ils permettent aux professionnels d’effectuer de longs trajets de livraison quotidiennement. Aujourd’hui, à l’heure où les zones à faible émission se multiplient, les utilitaires n’ont pas d’autres choix que de se convertir à l’électrique pour s’affranchir des restrictions de circulation. Mais les VUL électriques pour faire de nombreux kilomètres le permettent-ils ? Réponse.

Quand les véhicules électriques doivent s’électrifier

Le déploiement progressif des zones à faibles émissions complique sérieusement l’usage de véhicules utilitaires classiques dans les centres-villes. Mises en place au plus tard en 2025, ces zones permettent aux agglomérations de plus de 150 000 habitants de restreindre l’accès à certaines zones aux véhicules polluants, notamment les véhicules utilitaires au diesel. Dans la mesure où la majeure partie des activités des professionnels de la livraison s’effectuent en ville, conserver ces véhicules polluants pourrait donc s’avérer contraignant.
C’est la raison pour laquelle les constructeurs automobiles se sont lancés à marche forcée dans l’électrification de leurs gammes de véhicules électriques légers, dont Renault, qui proposait déjà une version 100% électrique de sa fourgonnette Kangoo au début des années 2010. Actuellement, de nombreux autres constructeurs sont passés à l’électrification, proposant des modèles plus ou moins intéressants en termes d’autonomie. Leurs principaux arguments pour vendre : une autonomie suffisante, un volume de charge inchangé et une économie importante à l’usage. Mais les véhicules utilitaires électriques sont-ils vraiment suffisamment autonomes pour assurer de longs trajets de livraison ? D’après ce qu’on a pu constater, l’autonomie de ces véhicules reste faible et aléatoire. En effet, en dehors de la capacité de la batterie, d’autres paramètres jouent sur l’autonomie d’un utilitaire, comme le poids du chargement ou le type de parcours.

Autonomie des VUL électriques : des données plus ou moins satisfaisantes

En termes de véhicules utilitaires électriques, les constructeurs français s’imposent largement en proposant une autonomie bien au-dessus de ceux d’autres constructeurs. C’est notamment le cas du Kangoo E-Tech qui promet une autonomie avoisinant les 300 km en une seule charge, de même pour les trios de fourgonnettes du groupe Stellantis. Par ailleurs, Fiat, Ford et Toyota font aussi partie des constructeurs proposant une autonomie de plus de 300 km en une seule charge, ce qui, selon les usagers de ce segment est amplement suffisant pour un trajet quotidien de livraison en centre-ville. En effet, en moyenne ces professionnels effectuent un trajet entre 70 et 100 km par jour et comme tout se passe en ville, la consommation est contenue. En revanche, en ce qui concerne les longs trajets de livraison, il en est tout autre. Selon les études, les véhicules électriques perdent 20% supplémentaire de leur autonomie en roulant à grande vitesse. Ajouté à cela le poids d’un chargement lourd, le véhicule aura des difficultés à rouler longtemps. Le conducteur devra alors recourir à la recharge en cours de route, ce qui lui prendra en moyenne 30 minutes auprès d’une borne de recharge rapide.

Par ailleurs, il faut noter que les fourgonnettes bénéficient d’une autonomie plus importante par rapport aux grands fourgons. Pour justifier leur rayon d’action se limitant à 150 km sur ce type de modèles, les constructeurs affirment que ces véhicules répondent à des besoins spécifiques de la livraison du dernier kilomètre. Jusqu’à ce jour, les utilitaires électriques sont donc plus adaptés aux livraisons urbaines bien qu’il soit possible d’aller au-delà en s’assurant de la présence de bornes de recharge tout le long du trajet.

L’hydrogène : l’avenir de l’utilitaire

Pour certains constructeurs, le 100 % est inadapté aux véhicules utilitaires compte tenu des besoins spécifiques de professionnels. Comme alternative, certains proposent déjà l’hydrogène qui selon eux serait l’avenir du véhicule utilitaire. En effet, cette technologie offre une autonomie bien plus importante toute ainsi qu’un temps d’approvisionnement en hydrogène comparable à un plein d’essence. Renault reste un pionnier en la matière, proposant une version à hydrogène de son plus grand utilitaire, le Renault Master. Proposant 500 km d’autonomie contre 150 km dans sa version électrique à batterie, le Renault Master H2-Tech s’avère être une offre plus pertinente pour les professionnels, d’autant que l’entreprise Hyvia est en train de déployer des stations à hydrogène afin de permettre aux utilisateurs de se ravitailler plus facilement. Les constructeurs comptent aussi sur le soutien du gouvernement pour développer la filière hydrogène.